A dire vrai je refermais le chef-d’œuvre qu’est « Independant People » voilà quelques instants
seulement, j’en suis encore baigné, imprégné, impressionné. Ce bouquin je l’aurais
dévoré ! Il m’apparaissait au premier abord comme une introduction culturelle
à l’Islande, son passé et son histoire, je voyais même d’un œil peu enthousiaste
la lecture d’un ouvrage imposant et que je présumais rébarbatif au vu d’une intrigue
conventionnelle et éculée, mais il est vite devenu une véritable intronisation,
une passerelle temporelle vers l’époque des pionniers islandais, et la découverte
des racines profondes du peuple islandais, tout autant qu’un refuge de volupté
littéraire, très certainement.
Laxness manie un style épatant. Ironique, incisif, sardonique,
émouvant, poétique, sans complaisance, lucide et tranchant, envoûtant et mystique.
C’est véritablement un maître de la plume, qu’il manie comme tel autre une épée,
tel autre un fusil, mais tout autant parfois de la délicatesse avec laquelle on
cueille les fleurs où l’on caresse ceux que l’on aime. Pour ainsi dire c’est un
écrivain complet et un artiste, et sa prose vous emporte et vous séduit tant par
sa forme que par son fond.
Car enfin « Independant People » c’est une formidable
fresque historique, une tranche de vie authentique que la langue aiguisée maniée
par Laxness rend terriblement réaliste, touchante, fascinante.
Bjartur, Bjartur of Summerhouses est le pilier inébranlable
de cette saga familiale. Familiale ? on est en droit de se demander si
ce n’est pas l’épopée d’un homme seul face à l’adversité, aux éléments, à
lui-même et ses propres contradictions. Un homme qui s’enferme dans ses
principes et ses idéaux.
Bjartur est un homme entêté, strict, au cœur dur et à l’âme
vaillante ; c’est un poète cependant, et un personnage droit. Bjartur c’est
l’âme de l’Islande des pionniers, l’esprit du peuple, le héros anonyme de la vie
populaire islandaise.
Il vit de son obsession d’indépendance et de liberté, et
quand il s’installe dans une ferme délabrée qu’il fait sienne, à la tête d’un
maigre cheptel de mouton et nouvellement marié à une jeune femme de la région,
il n’a que faire des légendes qui courent sur ce lieu et l’esprit qui y résiderait.
L’esprit qui serait la cause de la ruine encourue par tous ses prédécesseurs.
Il est voué à ses moutons, il est solide sur ses fondations, il ne se consacre
à rien plus qu’à sa vie de fermier.
Pas même à sa famille. Les moutons sont tous car ils incarnent
sa subsistance, sa liberté adulée, son indépendance. Ses valeurs sont étroitement
liées à l’idée de ne rien devoir à personne, de ne se soumettre en rien à quiconque ;
c’est un idéal de liberté très pragmatique, terre-à-terre, et qui influe peut-être
sur son amour pour ses proches. Le poète en lui trouve parfois les mots pour
s’exprimer. Rarement. Le plus souvent c’est le farouche travailleur de la
terre, l’éleveur borné, et l’Islandais fier qui s’expriment, et la dureté de
son cœur, si juste et droit et honnête soit-il, transpire dans ses propos et
ses attitudes.
Laxness parsème son récit de notes poétiques,
philosophiques aussi, profondes et touchantes, sur la vie, le rapport à la
nature, l’amour de la nature et les relations entre être humains. Il nous
fait mourir de rire par son ironie mordante quand il rapporte les dialogues
obtus et pourtant si cocasses de drôlerie et d’émotion entre les paysans,
entre les membres de la famille – tous autant qu’ils sont, des gens entiers
et fiers mais aux esprits ceints de tabous, de blocages, baignés d’ignorance
et de crédulité, et toujours, toujours, entêtés comme des mules…
Halldor Laxness, une courte biographie
Halldór Kiljan Laxness was born in 1902 in Reykjavik, the capital of Iceland, but spent his youth in the country. From the age of seventeen on, he travelled and lived abroad, chiefly on the European continent. He was influenced by expressionism and other modern currents in Germany and France. In the mid-twenties he was converted to Catholicism; his spiritual experiences are reflected in several books of an autobiographical nature, chiefly Undir Helgahnúk (Under the Holy Mountain), 1924. In 1927, he published his first important novel, Vefarinn mikli frá Kasmir (The Great Weaver from Kashmir). Laxness's religious period did not last long; during a visit to America he became attracted to socialism. Althydubókin (The Book of the People), 1929, is evidence of a change toward a socialist outlook. In 1930, Laxness settled in Iceland.
Laxness's main achievement consists of three novel cycles written during the thirties, dealing with the people of Iceland. Pú vínvidur hreini, 1931, and Fuglinn í fjörunni, 1932, (both translated as Salka Valka), tell the story of a poor fisher girl; Sjalfstaettfolk (Independent People), 1934-35, treats the fortunes of small farmers, whereas the tetralogy Ljós heimsins (The Light of the World), 1937-40, has as its hero an Icelandic folk poet. Laxness's later works are frequently historical and influenced by the saga tradition: Islandsklukkan (The Bell of Iceland), 1943-46, Gerpla (The Happy Warriors), 1952, and Paradísarheimt (Paradise Reclaimed), 1960. Laxness is also the author of the topical and sharply polemical Atómstödin (The Atom Station), 1948.
From Nobel Lectures, Literature 1901-1967, Editor Horst Frenz, Elsevier Publishing Company, Amsterdam, 1969
This autobiography/biography was written at the time of the award and later published in the book series Les Prix Nobel/Nobel Lectures. The information is sometimes updated with an addendum submitted by the Laureate. To cite this document, always state the source as shown above.